Gestion des risques : quand la subjectivité devient un atout.

Gestion des risques : quand la subjectivité devient un atout.

Par Victor Cianni, CIO de Alpian

Les marchés financiers sont des écosystèmes passionnants. Chaque jour, ils nous apportent notre lot d’adrénaline, de scoops et de résultats financiers. Pourtant, nous oublions souvent leur raison d’être. Leur vocation première n’est pas de générer des rendements pour les investisseurs, mais de mettre des capitaux à disposition des entrepreneurs et de permettre à ces derniers de transférer les risques auxquels ils font face aux investisseurs en contrepartie d’un potentiel gain financier. Les rendements ne sont qu’une conséquence de ce risque que nous sommes prêts à accepter. Et la règle d’or veut qu’il y ait une relation de proportionnalité entre les deux.

Tout investisseur chevronné sait à quel point il est difficile d’apprécier et de gérer les risques. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, il faut pouvoir appréhender tous les risques associés à un investissement et les quantifier. Venir avec une liste exhaustive n’est pas chose facile, trouver une mesure précise encore moins. Mais, au fil du temps, les professionnels de la finance ont su se doter de standards et de méthodes pour les aider dans cette tâche. En l’absence de boule de cristal, on peut tout de même optimiser un portefeuille de titres. Même le plus rudimentaire des robo-advisors sait faire cela aujourd’hui.

L’importance de la finance comportementale

Ensuite, il y a l’élément de subjectivité dans l’appréciation de risques. Celui-ci est plus difficile à incorporer dans un processus de gestion, car, par définition, il est… subjectif. Les apports de la finance comportementale, notamment la théorie des perspectives (qui a valu à un prix Nobel à ses auteurs Daniel Kahn et Amos Tversky), nous ont montré depuis les années 70 à quel point nous ne sommes pas tous égaux face aux risques. Non seulement nous les percevons de manière différente (du point de vue probabilité d’occurrence) mais nous les vivons aussi de manière différente (du point de vue sensibilité aux gains et aux pertes). Les couches de subjectivité se superposent d’ailleurs. Un conseiller fait des recommandations d’investissement depuis son « référentiel risque » à son client qui les perçoit depuis son « référentiel risque » à lui. Et encore, cela suppose que le référentiel risque soit en place : on ne connaît généralement sa tolérance pour le risque que lorsqu’on l’a éprouvée.

De ce côté-là, les choses ont peu progressé. Tout investisseur désireux d’accéder à des services d’investissement doit généralement remplir un questionnaire de risque. Ce questionnaire, composé de plusieurs sections, repose essentiellement sur du déclaratif et permettra à l’intermédiaire financier d’évaluer la propension du client à accepter des risques. En fonction des réponses, le client se voit ensuite proposer une stratégie souvent prédéfinie et choisie parmi un nombre limité d’options (en général moins d’une dizaine). Cette stratégie sera soit implémentée directement dans le cadre d’un mandat discrétionnaire ou bien servira de base à des conseils pour les clients qui souhaitent garder la main. 

Une stratégie risque unique par client

Si l’avantage pour l’intermédiaire est clair – des économies d’échelle – pour le client, il l’est moins. Dans le processus, ce sont toutes les nuances de gris dans l’appréciation du risque qui sont perdues : premièrement, deux clients pourtant légèrement différents finissent souvent avec la même stratégie, deuxièmement, un client qui souhaite changer de stratégie en cours de route, car sa situation a marginalement évolué fait la plupart du temps un grand saut en termes de risque.

Il existe a pourtant des alternatives. Appréhender et quantifier l’élément subjectif et s’en servir pour venir avec une stratégie optimale est possible. C’est ce que nous faisons chez Alpian. Grâce à un questionnaire plus étoffé, qui inclut des questions de finance comportementale, nous arrivons à traduire l’élément de subjectivité en une fonction mathématique et des contraintes que nous pouvons utiliser pour construire les portefeuilles. Cela permet de passer du discret (une poignée de portefeuilles et de profils de risques) au continu (autant de portefeuilles et de profil de risque qu’il y a de clients) et d’assurer une « suitability » plus grande.

Le résultat : une meilleure gestion des risques à tous les niveaux et en bonus, une expérience personnalisée pour l’investisseur.

BIOS

Victor Cianni

Victor est responsable des investissements chez Alpian. Actif depuis plus de 15 ans dans le domaine de la gestion de fortune, il a occupé plusieurs postes clés dans les divisions d’investissement de CA Indosuez, Lombard Odier et Citi Private Bank. Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en bioinformatique et modélisation de l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, et est certifié FRM.

 Alpian

Alpian est la première banque digitale privée de Suisse. Fondée en 2019 et au bénéfice d’une licence bancaire complète, Alpian propose des services bancaires du quotidien et des solutions d’investissement au travers d’une application mobile simple à utiliser. Elle allie expertise humaine et technologie de pointe pour offrir une expérience personnalisée à ses utilisateurs. Sa mission est simple : rendre plus accessibles des services financiers qui ne sont réservés aujourd’hui qu’à une élite.